Collectif citoyen pour les vaccins : le nouveau gadget du gouvernement Gratuit
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Pour améliorer la confiance envers les vaccins anti-Covid, le gouvernement a dégoté son arme favorite : un collectif citoyen. Un outil qui n’est pas nouveau mais dont on a du mal à percevoir l’intérêt.

À chaque crise de défiance, cette même recette éculée. En plus du Conseil scientifique, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un collectif visant à associer des citoyens à la stratégie vaccinale. Qu’elle fonctionne ou non, le Président veut réitérer l’expérience de la Convention pour le climat, dont la composition et les résultats avaient déjà subis leur lot de critiques. Sous l’égide du Conseil économique social et environnemental (CESE) ce collectif devrait commencer ses travaux début janvier, soit après le démarrage de la campagne de vaccination… Une plateforme d’information devrait également accompagner la démarche d’ici la fin de l’année.
30 personnes tirées au sort
De nombreuses zones d’ombre persistent sur le rôle et la composition de ce fameux collectif. Pour l’instant, le CESE nous indique simplement qu’il aura vocation à « nourrir le pouvoir exécutif et législatif dans la menée à bien de la campagne de vaccination et d'ajuster les réponses qui doivent être apportées aux Français ». L’objectif est clair : Mettre en place une stratégie pour qu’au final, le plus de Français se fassent vacciner. Le CESE indique que le collectif sera en dialogue avec le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, le comité des élus locaux et le comité des parties prenantes (associations, syndicats…). Mais à la fin, c’est le gouvernement qui tranchera.
Ce rôle devrait dépendre de la composition de cette assemblée. Mais là encore, c’est le flou total. Le collectif sera composé de 30 citoyens tirés au sort, avec des profils sociologiques et des positions sur le vaccin suffisamment diversifiés (pro et anti-vaccins, réticents, indécis…). Le tirage au sort sera effectué par un « prestataire spécialisé ». Malgré l’indépendance et la bonne volonté de celui-ci (qui reste à démontrer), il est difficile d’imaginer comment pourra-t-il réunir un panel de 30 personnes censées représenter l’ensemble des préoccupations des français sur les vaccins. Rappelons par ailleurs qu’un certain Daniel Cohn Bendit avait été « tiré au sort » au sein de la convention climat, avant de s’en retirer. Peut-être aurons-nous la surprise de retrouver Karine Lacombe ou Gilbert Deray dans ce nouveau tirage au sort ?
Se pose également la légitimité démocratique d’un tel système. Car c’est normalement le Parlement qui représente le peuple. Or, ce dernier est complètement écarté de la gestion de l’épidémie par l’état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’au 16 février prochain. Et ce collectif citoyen est encore une manière de court-circuiter le Parlement, pourtant élu.
Une impression de déjà vu
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement dégote le remède miracle de la « démocratie participative ». En 2016, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, avait lancé une concertation nationale sur la vaccination. Ironie de l’affaire : le rapport qui en était issu avait conduit le Gouvernement à rendre obligatoires huit vaccins supplémentaires chez les jeunes enfants. Une démarche pour le moins déconcertante lorsqu’il s’agit de gagner la confiance du public. D’autant plus que lors de la publication des conclusions, une part du jury citoyen avait dénoncé le fait que certaines de leurs propositions n’aient pas été prises en compte.
Va-t-on avoir droit au même tour de passe-passe ? Il y a de quoi s’en inquiéter. Le vaccin « ne sera pas obligatoire » avait assuré Jean Castex qui a pourtant présenté le 21 décembre un Projet de loi extrêmement contesté laissant entendre que la vaccination pourrait bien être imposée, avant qu’Olivier Véran ne fasse machine arrière dès le lendemain face au tollé suscité. Autre surprise : la personne à l’époque chargée de présider cette campagne n’était autre qu’Alain Fischer, le fameux « Monsieur vaccin » récemment nommé par le Premier ministre. Or, c’est cette même personne qui présidera le collectif réclamé par Emmanuel Macron. L'immunologue aura néanmoins du mal à revenir de manière crédible sur cette non-obligation. Lors de sa première conférence de presse, il avait exprimé de sérieux doutes sur l’efficacité des vaccins, provoquant ainsi des réactions décontenancées.
Reste à attendre la direction que prendra ce projet : une assemblée où les citoyens pourront faire valoir leurs inquiétudes légitime, ou simplement une vulgaire chambre de validation de la stratégie gouvernementale ?

Alors que l’Agence européenne du médicament (EMA) annonce l’examen accéléré d’un médicament contre le Covid du laboratoire américain Merck, la recherche en France, déjà freinée par les lourdeurs bureaucratiques, patine maintenant en raison d’un manque de malade. Ce qui confirme que la situation épidémique, en plein débat parlementaire sur le prolongement du pass sanitaire, est loin d'être catastrophique.

Territorialisation, délai raccourci, voire suppression… Une soixantaine d’amendements ont été déposés en commission au Sénat sur le projet de loi « vigilance sanitaire », qui sera débattu jeudi. Une opposition à la fuite en avant gouvernementale qui se forme de manière plus ou moins timide.