"Quand la privation des contacts humains s’avère fatale" : Stéphanie Bataille s'insurge Gratuit
Auteur
Thèmes abordés
Stéphanie Bataille, comédienne et directrice du Théâtre Antoine à Paris, a perdu son père le 11 janvier dernier des suites du Covid-19, contracté à l’hôpital où il était venu se faire opérer. Dans une tribune publiée sur Women today que nous relayons ici, elle dénonce la privation de toute visite à son père pendant les derniers jours de sa vie, ainsi que l’interdiction faite aux familles d’assister à la mise en bière. Face à ces réglementations inhumaines, elle appelle solennellement les pouvoirs publics à cesser d’infantiliser les proches et à prendre enfin leur souffrance en considération.

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le ministre de la Santé,
« Je m’adresse à vous car je souhaite une prise de conscience sur ce que vivent, en France, les familles au quotidien par la faute de réglementations ineptes, inhumaines, odieuses et dévastatrices, et qui n’ont aucun sens.
Je n’attaque personne sur la gestion de cette crise hors norme. Nous vivons tous à l’échelle planétaire des mois inconnus. Mais je m’appuie sur mon histoire personnelle pour vous relater ce qui se passe réellement sur le terrain. L’hôpital public AP-HP, lieu par excellence où l’on se rend pour en ressortir guéri ou du moins en meilleure forme, ajoute à la souffrance des malades une privation de contacts humains qui, pour certains d’entre eux, peut s’avérer fatale.
Mon père est rentré dans un hôpital public parisien, testé négatif pour une intervention cardiaque. Cette dernière s’est très bien passée ; il était heureux et en forme, sa sortie était prévue la semaine suivante.
Or comme beaucoup de vos concitoyens mon père a attrapé le coronavirus sur le lieu de la guérison. En effet le personnel soignant, que je salue et remercie, et dont vous pouvez être fiers, n’est ni testé ni vacciné. Il manque cruellement de moyens humains et matériels.
Mon père a été placé en unité Covid, où à l’entrée du bâtiment il n’y a ni gel hydro-alcoolique ni prise de température. Cette unité, au 3ème étage, n’autorise aucune visite de la famille ni des proches. Nous pouvons juste rester face à un long couloir où au fond se trouve une porte sur laquelle figure cet écriteau : «INTERDIT DE RENTRER – COVID», avec un digicode. De l’autre côté de cette porte se trouvent les patients, mais il est impossible de les voir. Nous pouvons seulement leur apporter des plats ou des effets personnels que nous confions aux infirmières.
Pourquoi le personnel soignant peut-il se rendre au chevet des malades, mais pas les proches ? Ils sont habillés comme nous pourrions l’être : charlotte, sur blouse, masque, gants, sur-chaussures. En observant tous les gestes respectueux.
Dix jours enfermé dans une chambre, que signifie cette punition ? Qui peut ordonner une telle mesure ? Nous n’avons pu revoir mon père, alors qu’il nous réclamait à cor et à cri. Tous les jours nous nous rendions à l’hôpital en espérant que la porte s’ouvre. Nous n’avons essuyé que des refus catégoriques.
Un repris de justice a le droit à des visites réglementées. Il doit en être de même dans les hôpitaux, les EHPAD, sans plus attendre. Retrouvons notre humanité.
Les patients meurent de solitude, déprimés, anéantis par la souffrance de ne pas être en lien direct avec leur proche. Sans compter que cette séparation dictée, imposée est insurmontable pour les familles.
Qui a pu imposer que nous ne pouvions pas même assister à la mise en bière ? Comment faire son deuil ? Le défunt n’a pas le droit de visite. Nous ne pouvons faire la reconnaissance du visage.
Nous avons une triple peine : mon père a attrapé le virus à l’hôpital, nous avons eu interdiction de lui rendre visite, et on laisse partir des milliers de personnes abandonnées, avec impossibilité de se recueillir devant sa dépouille.
C’est innommable ! Dans de telles conditions, la reconstruction est impossible. Nous ne pouvons être infantilisés ainsi, être privés de cette liberté fondamentale d’accompagner nos proches jusqu’à la fin.
Ce désarroi met en péril le mental, et conduit à des dégâts psychologiques irréversibles de vos concitoyens.
Comment avancer, continuer à vivre ?
Ce virus doit nous interroger sur le sens de la Vie, protéger et prendre soin de l’Autre, et en aucun cas se draper dans une fatalité.
Nos chercheurs sont fiers de faire progresser l’espérance de vie. Des gens se battent au quotidien pour la dignité. Il n’y a pas d’âge pour partir. «Un vieux qui part est une bibliothèque qui brûle».
Ainsi je vous demande au nom de tous, très certainement, que les familles puissent visiter leurs proches quelle que soit la cause de leur hospitalisation, et que les hôpitaux mettent à leur disposition les effets nécessaires (sur-blouses, gants…) pour que cela se fasse sans risque.
Il faut oser tout mettre en œuvre pour que les malades soient accompagnés tout au long de cette épreuve.
J’ose encore et j’espère vous dire déjà merci ».
Stéphanie Draber dite Bataille
Cet appel est suivi d’une pétition visant à alerter les pouvoirs publics sur le traitement inhumain réservés aux familles endeuillées par la perte d’un proche, qui se sont vu interdits de la moindre visite. Des situations tragiques mais malheureusement loin d’être exceptionnelles, dénoncées également par l’Association Victime Coronavirus Covid-19 France, représentée par Maître Fabrice Di Vizio (avocat de Didier Raoult), qui multiplie les témoignages relatant des épreuves similaires dans de nombreux établissements hospitaliers et médico-sociaux en France. Sans oublier que ces derniers, comme le rappelle la tribune, sont à l’origine de nombreux foyers de contaminations au Covid-19 : en un an, plus de 32 000 personnes ont ainsi été contaminées au sein même des établissements de santé. Rien que dans le courant du mois de janvier dernier, plusieurs décès de personnes hospitalisées initialement pour d’autres motifs que le coronavirus ont été rapportés.
Thèmes abordés

En fin de semaine dernière, le joueur de tennis Jéremy Chardy a annoncé suspendre sa saison pour une durée indéterminée en raison d’une réaction au vaccin Pfizer. Une annonce qui rappelle le cas de l’athlète Christophe Lemaitre, privé de championnats de France pour les mêmes raisons au début de l’été, suivi par de multiples exemples étranger. De quoi relancer le débat quant à la réelle innocuité de la vaccination ?
Thèmes abordés

Après une gestion sanitaire catastrophique, les Assises de la psychiatrie et de la santé mentale réclamées par Emmanuel Macron sont lourdes de sens. Mais cet évènement, présenté par le gouvernement comme un « moment historique du débat national », révèle davantage le cynisme de l’exécutif qu’une réelle volonté d’améliorer la situation.