"Hold-Up" : 15 millions de vues, et alors ? Gratuit
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CRITIQUE. Censé démontrer tous les scandales liés à la crise sanitaire actuelle, le documentaire Hold-up enchaîne les controverses depuis sa sortie. Adulé par certains comme conspué par d’autres, ce film n’aura pas certainement pas manqué de faire parler de lui. Si son objectif d’offrir une autre lecture de la crise sanitaire est louable, le documentaire est malheureusement tombé dans certains travers qui entachent sa crédibilité.

Passons rapidement sur l’accusation de complotisme dont le film fait l’objet, qui n’est rien d’autre qu’un mot-valise désormais employé à toutes les sauces et devenu un argument de discrédit à l’encontre de toute pensée divergente. Aussi, débattre d’un sujet aussi grave que la crise sanitaire au travers de la dichotomie simpliste des méchants « complotistes » contre les gentils « bienpensants » revient tout simplement à interdire toute réflexion. Et dans un pays qui prétend faire de la liberté d’expression une valeur incontournable, il est inacceptable qu’on ne puisse pas s’interroger publiquement sur les mesures prises pour endiguer une épidémie qui nous concerne tous et affecte nos quotidiens jusqu’à prétendre transformer nos modes de vie.
À ce titre, il faut mettre au crédit du film Hold-up de tenter d’aborder ces quelques questions essentielles. Malheureusement, une certaine maladresse, tant sur la forme qu’au niveau du fond, dévie d’une intéressante critique initiale de la gestion de la crise sanitaire vers la dénonciation assez ambiguë d’une machination visant à la théorie du great reset, à savoir une réinitialisation du système financier international. Quelque chose qui, d’ailleurs, ne relève pas franchement du secret, puisqu’il s’agit d’un projet parfaitement assumé par le Forum économique mondial de Davos, exploitant ouvertement la pandémie pour accélérer la transition numérique dans tous les domaines de la société. On peut légitimement s’inquiéter des dérives d’un tel projet, mais il semble exagéré d’y voir une machination occulte comme le sous-tend le documentaire. Qui commet par ailleurs certaines erreurs dans sa démonstration, tant sur les plans factuels qu’analytiques.
La forme, c’est le fond qui remonte à la surface
Pas question pour autant de se livrer ici à un énième fact-checking, exercice trop prisé par certains qui s’en sont déjà donnés à cœur joie pour débusquer la moindre erreur, incohérence ou inexactitude. Il n’est pas nécessaire de hurler avec les loups, déjà très nombreux à la tâche. Pourtant oui, il y a des raccourcis, des facilités, des démonstrations alambiquées et des témoignages douteux. Oui, l’habillage esthétique sombre, les intervenants filmés devant un décor noir, les musiques tantôt lancinantes ou tantôt symphoniques reprennent les codes des productions issues de la sphère conspirationniste.
Oui, il y a de quoi douter de la crédibilité de certains participants, notamment lorsqu’un ancien « opérateur du renseignement » apparaît flouté en expliquant que l’un de ses contacts lui a transmis une information provenant de l’Agence de sûreté nucléaire selon qui le coronavirus serait « génétiquement modifié ». Oui, il y a ce genre d’écueils tout au long du film qui viennent brouiller le message de fond, et c’est dommage.
D’autant plus dommage qu’Hold-Up essaye tout de même de décortiquer quelques manipulations qui ont pu être constatées dans la gestion de la crise sanitaire, notamment dans toute sa première partie. Ce qui est d’ailleurs bien illustré dès le début par certains sujets délicats, notamment le port du masque ou le fameux « protocole Raoult ». Personne ne peut oublier le changement de discours progressif du Gouvernement, qui estimait le masque inutile en population générale lors du printemps dernier avant de l’imposer partout et même à l’extérieur — parfois jusqu’à l’absurde — dès la fin de l’été. Personne ne peut oublier le débat autour de l’hydroxychloroquine, sur lequel reviennent le professeur Christian Perronne ou encore l’ancien ministre Philippe Douste-Blazy (qui s’est depuis désolidarisé du documentaire).
Débat devenu une controverse scientifique aux allures de feuilleton et qui aura entraîné une incroyable hystérie, allant jusqu’à pousser une prestigieuse revue comme le Lancet à se fourvoyer au point de publier une étude totalement bidonnée. Ces faits sont là, ils sont incontestables. Et ils ne sont pas les seuls. La question de l’efficacité des tests PCR soulevée par le documentaire est intéressante et fondée. Tout comme celle de l’ambiguïté autour du chiffrage de l’épidémie par le biais de tests positifs qui ne font pas la différence entre des sujets réellement malades ou simplement porteurs de traces de virus inopérantes.
Idem pour les modélisations alarmistes et mensongères qui annonçaient des centaines de milliers de morts par pays, comme le relève avec justesse l’épidémiologiste Laurent Toubiana. Il ne doit donc pas être interdit de s’interroger sur les changements de discours permanents de nos dirigeants, pas plus qu’il ne peut être critiquable de s’interroger sur l’efficacité sanitaire des mesures privatives de liberté. Il est légitime, voire salutaire, de s’interroger sur tous ces sujets, notamment au regard du traitement médiatique souvent biaisé qui nous est continuellement servi.
Davantage de théories fumeuses que d’éléments concrets
Malheureusement, ce bon postulat de départ s’est rapidement retrouvé gâché par le message de fond du documentaire, qui reste à bien des égards son aspect le plus critiquable. Il est regrettable que ce travail soit tombé dans l’écueil de la dénonciation de ce qui ressemble à une grande « conspiration mondiale » orchestrée pêle-mêle par les politiques, les médias et l’industrie pharmaceutique. Tous ensemble, main dans la main, dans l’exécution d’un agenda occulte. Avec notamment Bill Gates, Rockefeller ou encore Jacques Attali en guest-stars habituelles de ladite conspiration, extraits de livres ou d’anciennes émissions à l’appui, ce qui n’apporte finalement pas grand chose à la compréhension de la situation actuelle. Si ce n’est tenter d’affirmer en toile de fond que tout ce qui arrive aujourd’hui a été prévu et mis en place par une immense conspiration médico-financière visant à soumettre l’humanité.
Mention spéciale, au passage, à la sociologue Monique PinçonCharlot qui affirme sans sourciller que la machination en question aurait pour objectif final d’éliminer la moitié de planète. Face au tollé suscité par ses propos, cette dernière s’est elle aussi désolidarisée du documentaire. Au lieu de s’enferrer dans une dénonciation à la fois stérile et fantasmée de la gestion de la crise, il aurait été plus intéressant que le film mette l’accent sur des questions plus concrètes. La destruction méthodique du système de santé depuis des années aurait méritée par exemple d’être étudiée avec attention, car il s’agit tout de même de l’argument principal justifiant les mesures portant atteintes aux libertés individuelles.
Sur une durée de 2h40, seules quelques minutes sont d’ailleurs consacrée à cette question par les interventions de Régis de Castelnau ou de Valérie Bugault, qui reviennent sur le cadre juridique de l’état d’urgence sanitaire. Pourtant, l’un des problèmes de fond est bien là. Notre quotidien est depuis plusieurs mois fait de privations, contrôles, mesures absurdes et humiliantes comme l’auto-attestation de sortie, ou insensées et ruineuses comme les fermetures des petits commerces et des restaurants. Et c’est là-dessus qu’il aurait fallu appuyer. Montrer à quel point la gestion de la crise sanitaire par notre gouvernement porte atteinte aux libertés publiques, et combien ces atteintes seront catastrophiques en terme d’effet induits, parmi lesquelles les dépressions, les suicides, les destructions d’emploi. Et surtout montrer les terribles conséquences économiques et sociales de ces prises de décisions funestes qui poussent des générations entières à craindre l’avenir, privées de repères et de plus en plus désespérées.
Le traitement de l’info en question
Mais au-delà des questions de fond, il est aussi intéressant de constater le rôle joué par Hold-Up dans la question du traitement de l’information, notamment au regard du déferlement de critiques négatives et d’attaques en règle dont il a fait l’objet. On a ainsi pu voir immédiatement d’inquiétants réflexes de censure émaner de la part de certains membres de la majorité présidentielle, qui ne semblent pas supporter la moindre remise en cause de leur action. Même logique de la part de certains médias qui ne sont pas privé d’apporter immédiatement leurs propres contre-analyses. Tout cela pour aboutir finalement à un effet Streisand maximum, donnant au documentaire une visibilité incomparable. En utilisant l’anathème du complotisme pour tenter de le disqualifier, il lui accordent finalement un crédit et une légitimité qui dépassent son message plus que contestable, renforçant même l’idée que tout ce qui s’oppose à un pouvoir jugé incompétent serait forcément dans le vrai. Et poussent au passage à faire l’inquiétant constat que la crise sanitaire est devenu une sorte de dogme, avec son clergé, sa bonne parole, ses rituels et son inquisition. À tel point que quiconque ose se questionner soit immédiatement traité comme un hérétique.
Finalement, le seul hold-up auquel on assiste semblerait plutôt venir d’un véritable braquage de l’information sur la crise sanitaire. Une information coincée entre d’un côté des médias conformistes relayant uniquement les communications des pouvoirs publics, et de l’autre une dissidence parfois douteuse qui exploite cette opacité pour faire passer ses propres messages et sa vision du monde. Aussi, à défaut de révéler la vérité sur la crise sanitaire, Hold-Up aura au moins démontré qu’il est grand temps qu’une information fiable et qualitative vienne apporter son éclairage indispensable sur ce sujet brûlant.
Laurent Alexandre, contacté par Bas les masques : "Non, non non !"
« Ce documentaire est un prototype de ce que ne doit pas être le journalisme. Il utilise des procédés dégueulasse du début à la fin. Ils ont transformé mon intervention de plus de 40 minutes à Polytechnique, où j’expliquais pourtant qu’il fallait que les jeunes polytechniciens deviennent profs pour réduire les inégalités et éviter ainsi une société à deux vitesse. Il donne la parole à des gens qui disent n’importe quoi, comme la « profiler » du générique de fin (Nadine Touzeau, NDLR), qui prétend analyser mon portrait mais ne fait rien d’autre que du délit de sale gueule. Elle a déjà été condamnée pour escroquerie ! Par ailleurs, le documentaire est entièrement complotiste et délirant, il est construit sur la croyance qu’il existe un complot mondial. Ce sont les thèses de Qanon et je me demande comment la France a pu en arriver là. Je rappelle que le complotisme est un vrai danger car il arrive même à parasiter des esprits rationnels. Cela pose de vraies questions politiques. »
Quant à savoir s’il envisage des poursuites judiciaires, Laurent Alexandre indique simplement que ses avocats « vont voir ».
Laurent Toubiana : "Oui, mais..."
« Hold-up présente l’avantage d’ouvrir une réflexion sur la gestion de la crise sanitaire en soulevant des questions que tout le monde se pose. Et il a le mérite de faire intervenir de nombreuses voix qui sortent du conformisme habituel. Je n’aurais peut-être pas abordé les choses exactement de la même façon, mais il faut saluer la démarche ».

Dans ses nouvelles modélisations, l’Institut Pasteur se réjouit du succès de la campagne vaccinale, tout en constatant son incapacité à endiguer l’épidémie, rendant selon eux incontournable la poursuite des restrictions sanitaires. Le retour à la vie normale n’est pas pour tout de suite…
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Le 12 juillet dernier, à l’annonce de l’extension du pass sanitaire, Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il voulait « vacciner le monde ». Y parviendra-t-il avec le vaccin universel, actuellement en phase d’essai ? C’est en tout cas une possibilité évoquée par une publication parue il y a quelques jours dans la revue Nature communications relatif à un prototype de vaccin mis au point par des chercheurs de l’Institut de recherche vaccinale de Créteil et de l’université Paris Saclay, sous le pilotage d’Yves Lévy, époux de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn.