"Mal traités" : le documentaire qui pose les bonnes questions Gratuit
Auteur
Thèmes abordés
Conflits d’intérêts, guerre des remèdes, décisions scandaleuses… Le documentaire retrace le désastre du traitement du Covid-19, sans tomber dans les mêmes travers qu’Hold-up.

Beaucoup espéraient y voir un nouveau Hold-up qui, malgré des éléments intéressants, entachait sa crédibilité de beaucoup de travers. Mais ici, il n’en est rien. Les détracteurs du documentaire Mal traités disponible en ligne depuis le 7 décembre, auront du mal à intenter l’habituel procès en complotisme, désormais devenu réflexe pavlovien. Avec déjà plus de 500 000 vues, le documentaire a été partagé par de nombreuses personnes, dont le sociologue Laurent Mucchielli, qui analyse fréquemment la crise pour Bas les Masques. Le film réalisé par Alexandre Chavouet retrace sur 1h27 les différentes controverses sur les comportements scandaleux des autorités à propos des traitements anti-Covid.
La première moitié du documentaire est la plus intéressante. Elle rappelle que dès le début de l’épidémie, certains généralistes ont décidé de soigner selon leur intuition et leur expérience de médecin. On peut notamment y voir le célèbre professeur Christian Perronne, le docteur JeanJacques Erbstein, auteur d’un pamphlet sur la gestion du traitement du Covid, ou encore le médecin généraliste Éric Menat. Chacun raconte la manière dont ils ont vécu la réaction des autorités. « On a conseillé aux malades de ne pas aller voir leur médecin » déplore notamment le docteur Éric Menat.
Des études interrompues sans raison
Le professeur Didier Raoult rentre malgré lui dans la bataille médiatique, armé de sa bi-thérapie hydroxychloroquine / azithromycine. Une fois la molécule sur la table, le système s’emballe. Janvier 2020 : La ministre de la Santé Agnès Buzyn ordonne sans aucune explication que l’hydroxychloroquine soit désormais soumise à une prescription médicale. Le 27 mars, Olivier Véran va encore plus loin en interdisant aux médecins de ville de prescrire la molécule, en se basant sur un avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Un avis incompréhensible puisqu’en 2009, ce même organisme avait renouvelé l’autorisation de mise sur le marché de ce médicament en vente libre, après une vaste étude sur 100 000 prescriptions. Le Covid semble avoir aussi diffusé un gène de folie : le 22 mai, c’est le prestigieux Lancet qui publie un preprint censé démontrer la dangerosité de l’hydroxychloroquine. Le lendemain, l’OMS la supprime de sa vaste étude « Solidarity ». En France, l’hydroxychloroquine est retirée de 16 essais sur demande de l’ANSM et Olivier Véran interdit la molécule à l’hôpital en plus des précédentes restrictions. Enfin le 4 juin, les auteurs du Lancet se rétractent et suppriment leur étude frauduleuse.
Mais pourquoi cette frénésie inouïe autour de la chloroquine ? Le documentaire ne prétend pas dévoiler une réponse magique mais développe des éléments factuels et un argumentaire mesuré. En cause principalement, l’industrie pharmaceutique et ses intérêts financiers colossaux. Les images d’Alexandre Chavouet racontent le scandale le plus flagrant de cette crise : celui du Remdesivir, proposé par Gilead, à 2 000 € le traitement. Contrairement à l’hydroxychloroquine, ce médicament bénéficie immédiatement d’une présomption d’efficacité, si bien qu’en juillet, il obtient une autorisation temporaire de mise sur le marché en France et dans l’UE, alors qu’il n’y avait aucune preuve de son efficacité mais des signaux clairs de sa toxicité sur le foie et sur les reins. Le 8 octobre 2020, la Commission européenne signe pour 500 000 doses de Remdesivir, soit un contrat d’un milliard d’euros. Et quelques jours plus tard, l’OMS publie les résultats de l’étude « Solidarity » et signe la fin de partie pour ce traitement.
Contrepouvoir inexistant
85% des spécialistes français les plus reconnus des maladies infectieuses ont touché de l’argent de Gilead Sciences, relève le document. Au total, Gilead a versé 18,5 millions d’euros aux professionnels de santé en France depuis 2013. Des experts de l’étude Discovery ont reçu de l’argent de Gilead et certains ont même déjà pris part au Conseil d’administration de l’entreprise. Le documentaire égrène les faits qui devraient alarmer les autorités, sans toutefois verser dans le travers du procès d’intention. Pour les éviter, relève d’ailleurs le docteur Éric Ménat, « il faut un contrepouvoir. Or, on a vu avec cette crise qu’ils n’existait pas ».
La seconde partie du documentaire est plus critiquable mais elle a le mérite d’exister. Le réalisateur Alexandre Chavouet, également connu sous le pseudonyme Alex Fighter, ne cache pas son intérêt pour les médecines dites alternatives. Il passe donc en revue l’ensemble des remèdes qui ont été plus ou moins mis en avant pendant cette crise. Sont entre autres mentionnés les vitamines C et D, ainsi que le zinc. Interrogé sur ces éléments actuellement au coeur de nombreux débats, le professeur Jean-François Toussaint — contributeur régulier de Bas les Masques — ne connaît pas d'arguments certifiant leur efficacité mais préconise davantage l’activité physique pour renforcer son système immunitaire.
Une crédibilité discutable ?
Là où cette cette deuxième séquence risque d’entacher la crédibilité du documentaire, c’est qu’elle applique certains travers pourtant dénoncés dans la première partie. L’intérêt du réalisateur pour ces médecines alternatives est sûrement tout à fait sincère. Mais s’il souligne à juste titre les affolantes fluctuations boursières et les conflits d’intérêts financiers concernant Gilead, il se trouve moins regardant sur ses propres protagonistes. Un certain Dominique Baudoux par exemple, fait la promotion des huiles essentielles, qui ont fait sa fortune. Alexandre Chavouet fait également intervenir Michael Holick, endocrinologue américain qui a de nombreux liens d’intérêts avec des industries de compléments alimentaires.
Cette critique se doit tout de même d’être nuancée car les remèdes mentionnés n’ont pas fait l’objet d’autant d’intérêt pendant cette crise sanitaire. Et ces produits alternatifs auraient peut-être dû faire l’objet de plus de considérations. Le véritable drame finalement est que la recherche d’un remède a totalement échappé aux lois de la raison. Car tout l’intérêt de ce film réside dans cette démonstration : rien n’a été fait pour que la recherche d’un traitement contre le Covid se déroule sainement. Au contraire, ces derniers mois ont montré une industrie pharmaceutique surpuissante et des réactions suspectes des autorités sur lesquelles il faudra un jour faire la lumière
Thèmes abordés

Basculement du modèle de société, délitement de l'État de droit, influence sur les élections présidentielles... Entretien avec Jean-Frédéric Poisson, président du parti VIA - La voix du peuple.
Thèmes abordés

Dans une tribune publiée ce dimanche dans Le Parisien, David Smadja, professeur en hématologie, et Me Benjamin Fellous, avocat au barreau de Paris, ont appelé à « sanctionner ceux qui refusent le vaccin et transmettent le virus », ainsi que « ceux qui colportent des fausses informations sur la pandémie de Covid-19 » au titre de la mise en danger de la vie d'autrui. Une tribune politique, selon Me Diane Protat, qui étrille un texte selon elle dénué de tout fondement juridique.