L’extrême centre, l’impensé politique de cette élection présidentielle Abonnés
Auteur
Rempart contre le chaos, choix de la raison... En agitant la peur d'extrêmes fantasmés, le centrisme autoritaire agit comme un populisme des élites. Analyse.

Le soir de sa victoire à la présidentielle de 2017, Emmanuel Macron faisait une promesse à ses électeurs : « Je ferai tout, dans les cinq années qui viennent, pour qu'il n'y ait plus aucune raison de voter pour les extrêmes. » Cinq ans plus tard, il confesse son échec au micro de France Inter, une semaine avant le premier tour auquel il se représente : « Il y a un grand dérèglement dans nos sociétés. On l’a vu avec la pandémie, le dérèglement du vivant et le dérèglement écologique. Un dérèglement aussi géopolitique. Le dérèglement des consciences lié aux réseaux sociaux… Tout ça crée dans notre société des peurs. Et ceux qui jouent avec les peurs montent. Donc je n’ai pas réussi à l’endiguer. » Loin d’un mea culpa sincère, cette réaction incarne une stratégie politique bien précise, celle de l’extrême centre, que le président-candidat semble disposé à réitérer.
Si l’anathème d’« extrémiste » fuse pour facilement disqualifier à droite ou à gauche les discours critiques envers l’Union européenne, le capitalisme mondialisé ou encore l’immigration, le terme d’extrême centre demeure le grand absent de notre vocabulaire politique. Et pourtant, ce concept tient une place particulièrement importante dans notre configuration actuelle. C’est à l’historien Pierre Serna que l’on doit la paternité de ce concept socio-politique qu’il théorise en 2005 dans son ouvrage La République des girouettes : 1789-1815 et au-delà : Une anomalie politique française, la France de l’extrême-centre. Après deux ans de mandat macronien, ce spécialiste de la Révolution française réactualise son idée dans L'Extrême Centre ou le poison français : 1789-2019, paru en 2019.
La tyrannie du juste milieu
Se référant au Consulat, Pierre Serna décrit l’extrême centre comme ayant pour but de discréditer la démocratie vue comme une confrontation politique dans un cadre parlementaire. Ses partisans cherchent à opposer à l'alternative droite-gauche une...
Contenu réservé aux abonnés
Pour le consulter, vous devez vous connecter ou vous abonner.
Thèmes abordés

La composition de l’Assemblée nationale ressortant des élections législatives montre qu’en dépit d’un mode de scrutin censé favoriser le fait majoritaire, le fort rejet d’Emmanuel Macron et la recomposition politique en trois grands courants ont fait émerger une chambre basse bien plus représentative qu’à l’accoutumée. Analyse.
Thèmes abordés

TRIBUNE. Samedi 4 juin, des policiers ont ouvert le feu sur un véhicule à Paris après un refus d'obtempérer, entraînant le décès d'une passagère de la voiture. Raison suffisante pour affirmer que la Police "tue", comme le fait Jean-Luc Mélenchon ? Analyse de la situation par Alexandre Langlois, policier, secrétaire général du syndicat Vigi, auteur de L'ennemi de l'Intérieur. Dérives et dysfonctionnements de la Police nationale et Essayez la démocratie. Au bal masqué de la macronie(éd. Talma).