Liberté ou efficacité ? La France a renoncé aux deux
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Le recul global des libertés observé par l’indice annuel du groupe The Economist n’épargne pas la France, reléguée au rang de « démocratie défaillante », alors qu’une étude de l’épidémiologiste John Ioannidis démontre l’inutilité du confinement. Un constat d’autant plus désolant lorsque ce recul des libertés ne rime pas avec efficacité.
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La cuvée 2020 de l’index de la démocratie, établi par le groupe britannique The Economist, a une signification particulière après cette année d'épidémie. L’affolement général provoqué par la pandémie de Covid-19 a été suivi de son lot de restrictions, faisant ainsi reculer les libertés démocratiques et individuelles dans 70% des pays du globe. Basé sur plusieurs critères (processus électoral et pluralisme, libertés civiques, fonctionnement du gouvernement, participation politique et culture politique), l’indice moyen atteint 5,37 points sur 10. Soit la « pire moyenne mondiale depuis la création de l’indice en 2006 », commentent les auteurs de l’étude.
La France retrouve ses travers
Sur le podium, on retrouve sans surprise trois pays scandinaves : la Norvège, l'Islande et la Suède. La France arrive à la 24ème place sur 167 pays. Elle perd ainsi son statut de « démocratie à part entière » pour être relégué à celui de « démocratie défaillante », avec un indice de démocratie s’élevant à 7,99 sur 10, contre 8,12 l’année dernière. Pour les chercheurs du groupe britannique, la France a perdu des points en raison des « restrictions de la liberté de déplacement » au travers de « plusieurs confinements et des couvre-feux nationaux ».
La situation française est loin d’être une première. Si son indice dépassait les 8 points en 2019, elle était déjà considérée comme une « démocratie défaillante » de 2015 à 2018. En réalité, le pays est retombé dans ses anciens travers, que la crise a simplement amplifié. Les états d’urgence sanitaire successifs, l’affaiblissement du rôle du Parlement et la proéminence d’un Conseil scientifique au fonctionnement opaque, ont retiré aux Français le peu d’emprise qu’il leur restait sur leurs vies. La politique, censée s’occuper de l’intégralité des pans de la vie en société, s’est vue remplacée par une gestion de crise technocratique ayant pour seules obsessions les courbes épidémiques. Ajouter à cela une gestion de l’épidémie centralisée, contrairement à beaucoup de ses voisins européens.
Des privations de libertés contestables
Consentir à une privation temporaire des libertés, en vue de faire face à un danger sanitaire imminent, qui déstabiliserait le fonctionnement de nos sociétés démocratiques. L’argument semble tout à fait recevable et pourrait légitimer les travers français précédemment évoqués. Or, les pays où le recul des libertés a été le plus marqué, ne sont pas nécessairement ceux qui ont le mieux géré la crise. En témoigne la décevante 76ème place de la France sur 98, dans le classement de l’institut australien Lowy de la gestion de l’épidémie.
Les champions de ce classement, que sont la Nouvelle-Zélande, Taïwan ou la Norvège, demeurent toujours des « démocraties à part entière ». Paradoxalement, la Thaïlande et le Vietnam, qui ont un score démocratique plus bas (respectivement 73ème et 137ème), font partie des 4 meilleurs gestionnaires de la pandémie. Ainsi, l’équation qui tendrait systématiquement à associer une gestion efficace de l’épidémie à une baisse des libertés démocratiques et individuelles, qui se seraient rendues nécessaires, ne semble pas se vérifier.
66 millions de procureurs
En France, il semble même que cela soit le contraire : un recul démesuré des libertés, sans les résultats épidémiques espérés. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que les principales mesures soutenues par l’exécutif, à savoir le couvre-feu, le confinement et le masque dans la rue, n’ont toujours pas fait la preuve de leur efficacité scientifique. Mais peu importent les critiques, pour Emmanuel Macron, chef d’une « nation de 66 millions de procureurs ». Ou de 66 millions de citoyens, qui aimeraient garder un minimum de maitrise de leur destin ?
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