La pandémie vue par les entrepreneurs au Québec
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« Si on réagit ainsi à une pandémie à faible risque, qu’est-ce que ce sera face à une pandémie sévère avec un taux de mortalité élevé ? » s’interroge Benoit Girouard, président de EAQ (les entrepreneurs en action du Québec) qui regrette le niveau d’improvisation face aux événements. Le ton est donné par ce propriétaire d’une coopérative de solidarité, Gym X, pionnier d’un centre de parcours depuis 18 ans et ex-président de l’Union paysanne. Car pour ce qui est des mesures restrictives spéciales Covid-19, le Québec n’a rien à envier à la France.

« Si on réagit ainsi à une pandémie à faible risque, qu’est-ce que ce sera face à une pandémie sévère avec un taux de mortalité élevé ? » s’interroge Benoit Girouard, président de EAQ (les entrepreneurs en action du Québec) qui regrette le niveau d’improvisation face aux événements. Le ton est donné par ce propriétaire d’une coopérative de solidarité, Gym X, pionnier d’un centre de parcours depuis 18 ans et ex-président de l’Union paysanne. Car pour ce qui est des mesures restrictives spéciales Covid-19, le Québec n’a rien à envier à la France.
Depuis le mois de mars, le gouvernement souffle le chaud et le froid à tous les niveaux de la société. Confinement, déconfinement, port du masque, distanciation sociale, fermeture des restaurants, ouverture des écoles un jour sur deux quand ce n’est pas en ligne, annulation des fêtes de fin d’année, incitation officielle à la dénonciation de celles et de ceux qui reçoivent des gens chez eux, couvre-feu … Il n’y a aucun secteur qui n’ait été épargné par les décisions prises dans le but de diminuer le nombre de personnes atteintes par le virus Sars-Cov-II. Car c’est bien de cela qu’il s’agit quand chaque jour les médias égrènent méthodiquement le nombre de cas positifs que compte la province française du Canada.
Ça et là quelques voix s’élèvent timidement et individuellement contre ces mesures qui contreviendraient à la charte des droits et libertés des pays occidentaux, mais sans grand succès, car d’après nos cousins québécois la joute oratoire ne fait pas partie des traditions, contrairement à la France. Ce qui n’a pas empêché de voir apparaître ces dernières semaines, ici une chronique sollicitant timidement la mise en place de débats contradictoires, là une vidéo demandant s’il est possible de trouver d’autres solutions ? Les questions viennent essentiellement du peuple, les grands absents étant les corps de métiers qui auraient leur mot à dire, tels que les médecins et consorts scientifiques, les juristes voire les enseignants, et que dire des journalistes des médias mainstream. Même les partis d’opposition gardent le silence. Un début d’explication serait qu’il n’est pas de bon ton d’avoir une voix ou une pensée divergente de celle qui est officiellement reconnue. Pour preuve Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole d’un des partis d’opposition (Québec Solidaire) qui osera un tweet très basique réclamant simplement de voir l’avis de santé publique en faveur d’un couvre-feu, auquel le directeur des relations médias du gouvernement répondra par un cinglant : « C’est une recommandation de la santé publique. Point à ligne. De grâce, ne jouez pas dans les théories du complot ».
Complot. Ce mot est gargarisé à l’envi dès qu’une personne ose solliciter soit un peu plus de détails, soit poser des questions élémentaires qui ne vont même pas à l’encontre des mesures exigées. Les pédiatres ont été les seuls via l’Association des pédiatres du Québec à avoir officiellement réclamé, en vain, un début de vie normale pour les jeunes. Ces derniers sont cloitrés depuis dix mois face à des écrans, ces mêmes écrans dont on criait la nocivité quasi létale avant mars 2020. Face à leur mal-être qui augmente chaque jour, les pouvoirs publics, accompagnés par la grande majorité de la population, leur expliquent que tout le monde est embarqué dans le même bateau. Matys, en dernière année de secondaire exprime son désarroi : « Je suis en grande détresse psychologique. Mes parents ne veulent rien savoir car d’après eux je suis un enfant gâté et égoïste et je ne veux faire aucun effort pour sauver la société. Mais ce n’est pas vrai. Je fais super attention quand je vais voir mes grands-parents. Je ne leur fais plus de câlins, je reste loin. Alors pourquoi on m’interdit tellement de vivre ? ».
Pourtant l’idée principale n’est pas de s’opposer aux mesures d’après Karine Côté : « On voudrait au moins avoir accès à un échange transparent qui déboucherait sur une meilleure compréhension de leur application ». Mesures qui ne sont pas assez sévères si l’on en croit, entre autres, le Dr Sheppard, directeur du Département de microbiologie et d’immunologie de l’Université McGill, qui réclame la fermeture des écoles qu’il qualifie de lieux importants d’éclosion ... C’est face à ces incohérences que des entrepreneurs ont décrété qu’il ne fallait plus jamais revivre cela. Sous l’égide de Benoit Girouard qui a posté une vidéo vue 350 000 fois en octobre dernier, 2400 entrepreneurs se sont regroupés en l’espace de huit semaines avant Noël pour déposer un recours judiciaire. L’objectif est d’obtenir la nullité des décrets déclarant l’état d’urgence sanitaire au Québec et de démontrer que les mesures coercitives mises en place sont inconstitutionnelles.
Dans un contexte où il n’y a pas d’autorisation pour se réunir, chaque jour de nouveaux entrepreneurs viennent grossir les rangs de l’EAQ. Benoit Girouard affirme que les remparts d’un état démocratique sont les tribunaux. « Quand les entreprises, après avoir dépensé des milliers de dollars pour s’équiper en plexiglass et autres mesures d’hygiène, ont dû refermer car n’étant pas reconnues comme activité essentielles, certaines n’ayant pas les reins assez solides ont dû mettre la clé sous la porte » explique-t-il avant de rajouter que 98% des entreprises québécoises sont des PME : « autant dire que le cœur, les poumons et la rate du Québec sont en asphyxie ». D’autant que de plus en plus de mécontents pointent du doigt l’énorme iniquité qu’est le maintien de l’ouverture des magasins d’état vendant de l’alcool ainsi que ceux vendant du cannabis et ses dérivés…
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ENTRETIEN. Mohand Sidi-Saïd, ancien vice-président des laboratoires pharmaceutiques Pfizer, revient pour Bas les masques sur le vaccin contre le Covid-19 présenté par Pfizer. Après quarante ans au sein de son groupe, le natif d’Algérie resté loyal à l’industrie pharmaceutique garde son esprit critique et se montre prudent face à l’annonce d’un vaccin présenté comme « efficace à 90% ».
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ANALYSE. Fabien Quedeville décortique le modèle suédois de gestion de la pandémie : que doit-on en penser ?