Au Québec, "la peur de la mort a guidé la conduite de la population et du gouvernement" Abonnés
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ENTRETIEN. Au Québec, la pandémie et sa gestion ont accentué encore plus le phénomène d’absence de débat et ont engendré une sorte d’autodafé de la parole, pour peu qu’elle ne s’éloigne, ne serait-ce qu’un tant soit peu, de la doxa gouvernementale. Au milieu de ce silence assourdissant, quelques-uns se sont démarqués. Jérôme Blanchet-Gravel est l’un de ceux-là. Dépourvu de langue de bois, cet essayiste et journaliste québécois analyse la situation de la province francophone du Canada.

Bas Les Masques. Le Québec est un des endroits au monde où il est quasi impossible de faire démarrer un débat. Rarement des mesures ont connu une telle adhésion surtout dans un pays occidental. Est-ce par manque d’audace ?
Jérôme Blanchet-Gravel. Si l’absence de résistance au Québec se compare à celle de beaucoup de pays occidentaux, l’adhésion aux mesures, le conformisme et le degré d’obéissance ont été de loin supérieurs à ce qu’on a pu voir chez les autres peuples. Ce conformisme extrêmement fort, à l’avant-garde d’une certaine décadence anthropologique en cours en Occident, ainsi que l’absence de débat font poser la question. Pourquoi un tel enthousiasme ? Est-ce que cela s’explique par l’histoire de la province ? Par la colonisation ? Par un reliquat de l’esprit paysan ? Une mentalité un peu craintive par rapport au conflit et à l’adversité ? Est-ce que l’on doit chercher du côté de la démographie ? Il ne faut pas oublier que le Québec est une province canadienne de 8,5 millions d’habitants, isolée d’un point de vue linguistique (le reste du Canada est majoritairement anglophone, à part le New-Brunswick officiellement bilingue, NDLR). Est-ce cet isolement qui nous a fait nous replier sur nous-mêmes, sur notre gouvernement, plus que les peuples formant de bien plus grands ensembles ? Bref, les raisons sont plurifactorielles, mais cela reste en partie un mystère auquel même les meilleurs sociologues n’ont pas encore trouvé de réponse. Indéniablement, il y a aussi un certain nationalisme qui a empêché de faire naître un véritable débat. Critiquer les mesures du gouvernement était souvent vu comme une attaque contre le Québec en entier, un réflexe assez puéril. Le premier ministre du Québec, François Legault, défend la langue française et la nation québécoise. Cette dernière, surprotégée par l’État et par ses politiques...
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