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Le nudge : comment le gouvernement modèle notre comportement pendant la crise Abonnés

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Si le peu de résistance opposé par les Français aux restrictions sanitaires qui lui ont été imposées a pu défriser, cette obéissance n’est au fond pas si surprenante. Au-delà de la stratégie éprouvée de « la carotte et du bâton », c’est grâce à un véritable arsenal de conditionnement psychologique que l’exécutif modèle le comportement des Français à sa guise.

Le nudge : comment le gouvernement modèle notre comportement pendant la crise
Le 21 août 2021

« La meilleure façon d'imposer une idée aux autres, c'est de leur faire croire qu'elle vient d’eux. » Lorsque l’auteur Alphonse Daudet écrivit cette phrase durant la seconde moitié du XIXe siècle, il n’imagina sûrement pas qu’elle inspirerait plus tard psychologues et chercheurs en économie comportementale. Et pourtant, cette citation résume parfaitement le sujet de cet article. La théorie du « nudge », que l’on pourrait traduire en Français par la théorie du « coup de coude », définit effectivement l’ensemble des techniques de « coercition douce » censées influencer nos comportements dans notre propre intérêt.

C’est le prix Nobel d’économie américain de 2017, Richard Thaler, qui a développé cette notion, qu’il définit lui-même comme du « paternalisme libéral » (ou « libertarien » selon la traduction que l’on choisira du terme anglais liberal). Plus précisément, Thaler présente cette notion avec son acolyte le philosophe Cass Susntein dans leur bestseller Nudge : améliorer les décisions sur la santé, la richesse et le bonheur, comme « une version relativement modérée, souple et non envahissante de paternalisme, qui n’interdit rien et ne restreint les options de personne. Une approche philosophique de la gouvernance, publique ou privée, qui vise à aider les hommes à prendre des décisions qui améliorent leur vie sans attenter à la liberté des autres. »Sur le papier, l’idée peut sembler originale, voire intéressante. Quelques applications concrètes, comme une mouche dessinée au fond des urinoirs de l'aéroport d'Amsterdam pour éviter les éclaboussures, ou encore un passage piéton dessiné en relief pour faire ralentir les automobilistes, rendent le concept attractif aux yeux du grand public. Mais en réalité, ce management « paternaliste » peut rapidement franchir les limites éthiques.

Compenser les lacunes de l’esprit humain

Creusons encore un peu la théorie, avant d’entrer dans le concret. Le postulat de départ...

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