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De l'impensable à la liberté de penser Abonnés

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réflexion

Une année de pandémie aura suffit à rompre le débat, et avec lui, la pensée. La psychologue et psychanalyste Delphine Bensaïd s'interroge dans ce texte sur la possibilité de retrouver ce que la crise nous aura pris. Une prise de hauteur salutaire en ces temps troubles.

De l'impensable à la liberté de penser
Le 28 février 2021

Avec l’arrivée de la pandémie, sous l’emprise de la panique, de la peur, du surgissement de la mort, la société tout entière s’est peu à peu disloquée, parfois écharpée ou, au mieux, s’est murée dans une sympathie hypocrite au sujet de la gestion par le gouvernement de la crise sanitaire. Aujourd’hui, le monde est scindé en deux entre les « pour » et les « anti », sans possibilité de débattre. Comment en est-on arrivés là, à ces clivages et divisions tranchantes qui abîmeront durablement les liens dont nous avons pourtant, d’autant plus en ce moment, tant besoin ?

La psychanalyse peut nous aider à comprendre les réactions psychiques engendrées par le surgissement d’un virus mortel et tout ce qui en a suivi. Forts de ces enseignements, peut-être pourrons-nous reprendre le chemin de la raison, du débat contradictoire, car qu’est-ce qu’un pays fait d’individus privés de parole, pire, habités par une pensée « une et unique », où les quelques voix divergentes rendues dissidentes, suspectes ou menaçantes, sont contraintes de prendre le maquis ?

Sigmund Freud, l’inventeur de la psychanalyse, nous a enseigné qu’« il n’y a pas de temps dans l’inconscient »1. Que cela signifie-t-il ? Entre autres que toute notre vie, aussi bien nos figures parentales que les liens que nous avons établis avec elles influenceront nos rapports aux autres. De la même manière, certains mécanismes psychiques mis en place au cours des premières années perdureront et continueront d’opérer à notre insu et ce, de façon plus ou moins intensive et prégnante selon les moments et épreuves de notre existence.

Le petit d’homme, pendant ses premières années, en raison de son incapacité à pouvoir se débrouiller seul pour subvenir à ses besoins, n’a d’autres choix que de se fier à ses parents pour grandir et advenir. Il s’y...

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