Vaccination obligatoire des soignants : le Dr Barucq interpelle Olivier Véran Gratuit
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Médecin généraliste à Biarritz, le docteur Guillaume Barucq a adressé ce lundi 6 septembre un courrier à Olivier Véran, ministre de la Santé, relatif à l'injonction vaccinale faite aux personnels soignants. Dans cette missive que nous reproduisons ici, il insiste notamment sur les conséquences désastreuses d'une telle obligation et propose des pistes alternatives.

Monsieur le Ministre, cher confrère,
Vous avez souhaité, suite à l’allocution du 12 juillet 2021 du Président de la République, rendre obligatoire la vaccination contre la Covid-19 pour l’ensemble des soignants de France.
La loi relative à la gestion de la crise sanitaire promulguée le 5 août 2021 définit cette obligation pour tous les professionnels médicaux et paramédicaux exerçant en libéral ou dans les hôpitaux, cliniques, EHPAD, leurs personnels et étudiants.
Cette loi d’obligation vaccinale survient à peine plus de 6 mois (un record dans l’histoire des obligations vaccinales) après les Autorisations de Mise sur le Marché conditionnelles des vaccins à ARNm accordées par la Commission européenne.
La donne a changé depuis le début de l’été lorsque vous nourrissiez encore l’espoir que la vaccination massive permette d’atteindre l’immunité collective. Nous avons pu vérifier sur le terrain avec le variant delta qu’il n’en était rien.
Nous avons également observé que des établissements soumis au pass sanitaire (bars, discothèques, mais aussi EHPAD) n’échappaient pas aux clusters. Il serait d’ailleurs intéressant que les ARS en publient la liste exhaustive.
Dans ce contexte, considérer la vaccination obligatoire des soignants comme une protection garantie des patients est au mieux une contrainte illusoire, au pire risquée, en donnant un faux sentiment de sécurité.
Les soignants méritent mieux qu’une injonction vaccinale sous peine de privation d’activité, de perte de salaire et de menace d’emprisonnement.
Des soignants vont se retrouver sans ressources, d’autres vont changer d’orientation, d’autres encore vont prendre leur retraite prématurément. C’est d’autant plus grave que nous connaissons déjà une pénurie dans l’offre de soins et que nous peinons à recruter soignants et médecins.
J’ai pu mesurer cette détresse par les nombreux témoignages désemparés reçus de médecins, dentistes, pharmaciens, kinésithérapeutes, infirmiers, aides-soignants, psychologues, orthophonistes, étudiants… Une minorité silencieuse peut-être, mais qui mérite d’être entendue.
Les soignants ont avant tout besoin de mesures efficientes pour les protéger, leurs patients et eux-mêmes : aération optimisée des locaux, masques et matériels de protection à disposition, bonnes conditions de travail…
La vaccination obligatoire ne saurait être le cache-misère d’une politique de réduction des lits, de rentabilisation effrénée de l’hôpital et d’économie sur la médecine de ville qui n’ont pas cessé pendant cette crise.
Maintenant que votre objectif d’une large majorité de soignants vaccinée est atteint, pourquoi ne pas reprendre une approche plus souple avec les autres ? Je vous propose plusieurs pistes pour sortir de cette situation de tension en offrant aux soignants des alternatives :
- Laisser un délai au-delà des dates butoirs du 15 septembre (1ère dose) et du 15 octobre (2ème dose) à ceux qui souhaitent encore temporiser en leur proposant de réaliser des tests réguliers pour sécuriser leur prise de fonction dans leurs services ou lieux de consultation ;
- Encourager plutôt la vaccination ciblée des personnels après évaluation individuelle du rapport bénéfice-risques en fonction de l’âge, de l’état de santé et de leurs conditions de travail ;
- Laisser aux médecins traitants qui connaissent le mieux leurs patients le soin d’apprécier individuellement les contre-indications sans les verrouiller par décret.
C’est par la pédagogie, des mesures basées sur la science et le respect du choix éclairé des patients/soignants que nous parviendrons à atteindre les objectifs de réduction des risques qui ne sauraient faire appel qu’à une seule obligation vaccinale autoritaire.
En tant que généraliste, je ne saurais que trop vous recommander de vous appuyer davantage sur les médecins de premier recours que nous sommes pour soigner les patients, dans le but de réduire les hospitalisations.
Il serait également plus que temps de s’attaquer résolument aux facteurs de risques, qui font le lit des formes graves : surpoids, obésité, diabète… en proposant un plan de prévention nutritionnelle et de sport santé adapté.
Dans la lutte que nous menons tous ensemble depuis le début de l’épidémie, pas un soignant ne devait manquer à l’appel au 15 septembre pour affronter la saison hivernale qui nous attend.
En espérant que vous saurez entendre ces arguments, je vous prie de croire en l’expression de mes respectueuses et confraternelles salutations.
Dr Guillaume Barucq
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Médecin généraliste à Biarritz, le docteur Guillaume Barucq a adressé ce lundi 6 septembre un courrier à Olivier Véran, ministre de la Santé, relatif à l'injonction vaccinale faite aux personnels soignants. Dans cette missive que nous reproduisons ici, il insiste notamment sur les conséquences désastreuses d'une telle obligation et propose des pistes alternatives.
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