"Il n’est plus ministre de la Santé mais ministre du Covid": Olivier Véran désavoué par les médecins Gratuit
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Communication moralisatrice, prises de position catastrophistes, gestion de la crise chaotique… Selon une enquête, les médecins jugent que le ministre de la Santé n’a pas été à la hauteur de la crise sanitaire.

Après un an à la tête du ministère de la Santé, c’est l’heure du bilan pour Olivier Véran. Le Quotidien du médecina réalisé une enquête du 13 au 18 février auprès de 900 médecins, qui ont donné leur avis sur le ministre selon 5 critères. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ces derniers sont très réservés. Le neurologue récolte une piètre note globale de 3,3 sur 10. Premier point : la communication d’Olivier Véran. Les sondés le jugent « arrogant », « hautain » et « imbu de lui-même ». Ils lui reprochent également un discours « moralisateur et anxiogène » ainsi que d’innombrables incohérences. Outre le changement de position sur le port du masque, le ministre s’est illustré par son obstination à mettre en place un troisième confinement il y a quelques semaines. Après son échec à reconfiner le pays, il a tenté — en vain — de reconfiner la Moselle. Avant de finalement réussir à mettre sous cloche le littoral des Alpes-Maritimes les deux prochains week-ends, avec la complicité du maire de Nice, Christian Estrosi.
Pour le docteur Fabien Quedeville, contributeur régulier de Bas les masques, le principal reproche à adresser à la gestion de la crise d’Olivier Véran est d’avoir adopté « une politique de santé publique uniquement focalisée sur une pathologie et donc de négliger les autres problématiques de santé, notamment les troubles psychiques secondaires à sa gestion de la crise. Je note qu’il a peu de compassion vis à vis des victimes collatérales, ajoute-t-il. Il n’est plus ministre de la Santé mais ministre du Covid ! »
Avec une note de 3,3 /10 sur le critère de la relation ministre-médecins, le courant passe mal. Ces derniers lui reprochent notamment une vision très « hospitalo-centrée » du système de soin, dont on a pu voir les limites pendant cette crise. Cette gestion verticale est également décriée par Fabien Quedeville : « Tout est décidé par le ministre, sans aucune considération pour les médecins généralistes, qu’il ne nomme jamais, déplore-t-il. Ce manque de considération se traduit d’ailleurs par sa volonté de ne pas revaloriser le montant de la consultation des généralistes, préférant favoriser les rémunérations au sein des CPTS (Communautés professionnelles territoriales de santé), une manière d’avoir la mainmise sur les généralistes qui ne bénéficieront de rémunérations complémentaires que s’ils montent des projets validés par les ARS »regrette le docteur.
Le principal point noir pour Olivier Véran concerne le Ségur de la santé. Les internautes accordent au ministre la note de 3 sur 10. Un quart des sondés luit ont attribué un zéro pointé. Pour cause, la crise a révélé l’état désastreux dans lequel se trouve l’hôpital public depuis de nombreuses années. Si Olivier Véran est au ministère de la Santé depuis seulement un an, Fabien Quedeville estime qu’il a « sa part de responsabilité en ce qui concerne l’état actuel de notre système de santé. Il a été rapporteur du PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) lors du mandat de François Hollande ». Il rappelle également que l’actuel ministre avait soutenu la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire) de Roselyne Bachelot lorsqu’il était vice-président du syndicat des internes de spécialité : « Une loi qui a été la première à définir le rôle du médecin généraliste dans le code de la santé publique et qui organisait les soins en niveau de recours. Comme beaucoup de ses collègues socialistes, Olivier Véran ne l’a malheureusement plus beaucoup soutenue une fois que celle-ci fut votée… »
Le Quotidien du médecin a également interrogé ses lecteurs à propos du dossier de l’hydroxychloroquine et du vaccin. Le premier sujet divise étonnement la profession, qui ne se range pas majoritairement derrière le ministre. En prétendait adopter la posture de l’autorité scientifique en interdisant la prescription d'hydroxychloroquine hors AMM en ville, Olivier Véran n’a récolté que 3,6 points sur 10, preuve que les médecins sont très divisés sur la manière dont a été gérée cette question. Sur le sujet de la campagne de vaccination le ministre obtient la très modeste note de 3,5 sur 10. « Encore une fois rien n'est clair, déplore un internaute. Il affirme que des vaccins sont arrivés et dans certaines régions, pas un ! Il affirme que tous les Français seront vaccinés en juillet. Impossible vu l'arrêt des primo vaccination en début du mois de février ». Les plus indulgents reconnaissent néanmoins qu’il n’est pas le seul responsable de cette cacophonie en relevant que les problèmes d’approvisionnement étaient davantage dus à la lourdeur administrative française.
Quoiqu’il en soit, cette enquête est un véritable désaveu pour le ministre de la Santé, qui peine à convaincre les médecins, dont beaucoup - notamment les généralistes - se sentent délaissés. « Je pense que son ambition, c’est essentiellement son destin personnel, plus que la santé de nos concitoyens » conclut amèrement le docteur Fabien Quedeville.
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ENTRETIEN. Marie-Estelle Dupont est psychologue clinicienne et psychotérapeute. Spécialiste de l’approche par la parole, elle a travaillé plusieurs années à l’hôpital avant d’exercer en libéral. Elle livre aujourd’hui à Bas les masques son point de vue sur la gestion de la crise sanitaire.