La lettre de change relevé constitue un instrument financier incontournable dans les relations commerciales entre professionnels. Cette solution de paiement différé, version dématérialisée de la traite traditionnelle, permet d’optimiser la gestion de trésorerie tout en sécurisant les transactions. Standardisée par le Comité français d’organisation et de normalisation bancaires, elle s’impose comme une alternative moderne aux moyens de paiement classiques.
L’essentiel
La lettre de change relevé optimise les paiements différés entre professionnels avec sécurité renforcée.
- Mécanisme triangulaire impliquant tireur, tiré et porteur pour un processus structuré et contrôlé
- Formalisme strict avec mentions obligatoires : dénomination, montant, échéance et signature d’acceptation
- Avantages partagés : garantie de paiement pour le fournisseur, gestion de trésorerie optimisée pour le client
- Différenciation claire des autres moyens : paiement différé légal contrairement aux chèques post-datés interdits
- Encadrement légal réservé aux relations professionnelles avec transmission électronique moderne
Le mécanisme implique trois acteurs distincts : le tireur qui émet l’ordre de paiement, le tiré qui s’engage à régler la somme, et le porteur chargé de l’encaissement. Cette triangulation garantit un processus structuré et contrôlé, offrant des garanties supplémentaires par rapport aux paiements directs.
Définition et mécanisme de la LCR
La lettre de change relevé représente un effet de commerce exclusivement réservé aux transactions entre professionnels. Elle matérialise un ordre de paiement donné par le fournisseur à son client pour le règlement d’une créance à une date d’échéance déterminée. Contrairement aux chèques traditionnels, la LCR ne nécessite aucune provision immédiate sur le compte du débiteur.
Le processus débute lorsque le fournisseur envoie la LCR accompagnée de la facture correspondante. En signant le document, le client accepte explicitement le paiement différé et reconnaît formellement sa dette. Cette signature constitue un engagement juridique fort, renforçant la sécurité de la transaction pour le créancier.
Une fois acceptée, la LCR est transmise sous format électronique à la banque du fournisseur, accompagnée des justificatifs nécessaires. Il convient de respecter un délai minimal de quinze jours avant l’échéance pour permettre le traitement bancaire optimal. À la date convenue, la banque procède automatiquement au prélèvement sur le compte du client via sa banque, similairement au fonctionnement d’un prélèvement SEPA mais avec des garanties juridiques renforcées.
| Étape | Action | Responsable |
|---|---|---|
| 1 | Émission de la LCR avec facture | Fournisseur (tireur) |
| 2 | Signature et acceptation | Client (tiré) |
| 3 | Transmission électronique | Fournisseur vers sa banque |
| 4 | Prélèvement automatique | Banque du fournisseur |
Formalisme et mentions obligatoires
Pour garantir sa validité juridique, la lettre de change relevé doit impérativement comporter plusieurs mentions essentielles. Ces éléments obligatoires constituent les fondements légaux de l’instrument et conditionnent sa recevabilité en cas de litige. L’absence d’une seule mention peut compromettre l’efficacité juridique du document.
Les mentions indispensables comprennent la dénomination « lettre de change« , le montant précis de la créance exprimé en chiffres et en lettres, ainsi que les dates et lieux d’émission. Les coordonnées complètes du tireur et du tiré, incluant noms, adresses et références bancaires, doivent figurer explicitement. La signature du tiré matérialise son acceptation et sa reconnaissance de dette.
L’échéance constitue un élément particulièrement important. Trois modalités sont possibles :
- À une date précise clairement indiquée
- À un délai déterminé à compter de l’émission (30, 60 ou 90 jours)
- À vue, sans délai spécifique mais payable sous un an maximum
En l’absence d’échéance mentionnée, la LCR devient automatiquement payable « à vue » dans un délai maximal d’un an. Cette flexibilité permet d’adapter l’instrument aux besoins spécifiques de chaque transaction commerciale tout en conservant un cadre juridique strict.
Avantages et inconvénients de cet instrument
La lettre de change relevé présente des bénéfices substantiels pour les deux parties contractantes. Pour le fournisseur, elle constitue une garantie de paiement renforcée grâce à la reconnaissance écrite de la dette. Cette sécurisation permet de négocier sereinement des délais de paiement étendus sans compromettre la trésorerie. En cas de besoin urgent de liquidités, l’escompte bancaire offre la possibilité d’obtenir une avance sur créance moyennant une commission.
Du côté client, les avantages se concentrent sur l’amélioration de la gestion de trésorerie. Le délai accordé permet d’échelonner les paiements et d’optimiser la rotation des stocks. Contrairement au chèque bancaire, dont les délais d’encaissement peuvent varier, la LCR garantit un paiement à la date convenue uniquement. Cette prévisibilité facilite la planification financière et évite les découverts non anticipés.
Par contre, certains risques demeurent. Pour le fournisseur, la LCR ne garantit pas absolument le paiement final. En cas de provision insuffisante, la banque retourne l’effet impayé, obligeant le créancier à engager des procédures de recouvrement coûteuses. Ces démarches peuvent inclure l’intervention d’un huissier ou l’établissement d’un protêt, impactant les relations commerciales futures.
Pour le débiteur, le défaut de paiement entraîne des conséquences graves : inscription au fichier des incidents de paiement de la Banque de France, détérioration de la cotation bancaire, et publicité négative au Registre du commerce et des sociétés. Ces répercussions peuvent compromettre durablement les relations avec les partenaires financiers et commerciaux.
Différences avec les autres moyens de paiement
La lettre de change relevé se distingue nettement des autres instruments de paiement par ses caractéristiques spécifiques. Contrairement au chèque bancaire qui exige une provision immédiate, la LCR ne mobilise les fonds qu’à l’échéance. Cette différence fondamentale permet une gestion de trésorerie plus souple et prévisible.
La post-datation d’un chèque étant légalement interdite, la LCR offre une solution parfaitement légale pour les paiements différés. Elle peut également porter des intérêts calculés sur la durée du crédit accordé, possibilité inexistante avec un chèque classique. Cette rémunération du délai constitue un avantage économique appréciable pour le créancier.
Par rapport au billet à ordre, la LCR implique trois intervenants contre deux, offrant une sécurisation supplémentaire. C’est le créancier qui initie la démarche, contrairement au billet à ordre où le débiteur s’engage spontanément. Cette inversion des rôles renforce la position du fournisseur dans la relation commerciale.
Les alternatives modernes incluent le prélèvement bancaire, moins formalisé mais plus automatisé, et les solutions de paiement échelonné. Les délais de transmission des documents papier étant parfois contraignants, la dématérialisation de la LCR répond efficacement aux exigences de rapidité du commerce contemporain.
L’encadrement légal strict, défini par les articles L511-1 à L511-81 du Code de commerce, réserve l’usage de la LCR aux seules relations entre professionnels. Cette limitation garantit un niveau d’expertise suffisant des utilisateurs et évite les abus potentiels envers les consommateurs particuliers.







